Ils ont fait leurs preuves auprès des sportifs de haut niveau et des cadres en entreprise. De plus en plus, ils aideront chacun de nous à changer. Aussi bien dans la vie professionnelle que privée. C’est le pari d’Eric Albert, coach et psychiatre.
Spécialiste de l’anxiété, consultant en entreprise au sein de l’Institut français de l’anxiété et du stress, Eric Albert est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont un Guide de la gestion du stress (City & York, 1995). Il vient de publier, en collaboration avec Jean-Luc Emery, Au lieu de motiver, mettez-vous donc à coacher ! (Editions d’Organisation, 2000).
Vingt-cinq mille coachs aux Etats-Unis, bientôt plus de deux mille en France : c’est le pronostic annoncé par la Société française de coaching lors de son assemblée annuelle, qui s’est tenue en février dernier à Paris. Dans son dernier livre, Eric Albert, médecin, psychiatre et coach, fait le point sur le développement de cette technique d’accompagnement, qui pourrait, d’ici à quelques années, concurrencer sérieusement la thérapie.
Psychologies : Pas une semaine sans qu’un livre ou un article ne soit consacré au coaching. A quoi attribuez-vous cette mode ?
Eric Albert : Au départ, le coach était chargé d’accompagner des sportifs de haut niveau. Puis, il s’est occupé de dirigeants d’entreprise. Aujourd’hui, son champ d’action a de nouveau évolué : un coach est tout simplement un homme ou une femme qui aide tout un chacun à changer. Pourquoi cette " mode " ? Depuis plusieurs années, on constate l’isolement grandissant des individus, la difficulté à s’insérer dans des réseaux sociaux. En parallèle, la pression qui s’exerce sur eux est de plus en plus pesante, surtout dans le domaine professionnel. Faire appel à un interlocuteur qui aide à voir plus clair, à prendre du recul et à gérer ses émotions pour continuer à progresser me paraît normal et indispensable. On doit s’adapter et rester adaptable le plus longtemps possible. Sinon, on " vieillit ". Un coach, justement, est un " faciliteur de l’adaptabilité ".
Y a-t-il plusieurs types de coachs ?
On en compte quatre, reflétant bien l’évolution de la profession. Tout d’abord, le coach venu du monde sportif, le plus connu du public : auprès de son champion, il conjugue les rôles de substitut parental, d’enseignant, d’ami, d’entraîneur, etc. Vient ensuite le coach "psy" : issu du milieu de la psychologie, il se conçoit comme un "miroir révélateur de la vraie personnalité du sujet", au risque parfois de tomber dans la "gouroutisation". Puis le coach "expert" : possédant une compétence technique dans un domaine précis, sa mission est de "dire ce qu’il faut faire". Mais sa "spécialisation" constitue également sa limite : lui aussi risque de se rendre indispensable. Dernière catégorie enfin, à laquelle j’appartiens : le coach qui accompagne tout individu vers le changement.
Quels changements peut-on envisager grâce au coaching ?
Tous les changements comportementaux, aussi bien dans la vie professionnelle que privée. Par exemple, devenir capable de parler en public, apprendre à gérer son temps et ses priorités, ne plus stresser quand son mari discute au téléphone avec son ex, savoir déléguer, ne plus se sentir obligé d’atteindre la perfection, etc. Mais, pour y parvenir, il faut se fixer un objectif précis et limité dans le temps. Le changement se fera alors en quatre étapes : fixation du contrat avec le coach, compréhension des comportements actuels, mise en œuvre de nouveaux comportements, consolidation.
Comment se passe une séance ?
Prenons un exemple : monsieur T. me demande de l’aider à mieux contrôler ses colères. Je commence par lui suggérer de noter ses pensées et ses émotions au moment où il entre dans une colère qu’il juge excessive. Cette observation est très importante. Elle s’inspire de l’approche cognitiviste, qui postule que tous nos comportements sont sous-tendus par des émotions et des images qui leur sont associées. Or tant que ces dernières ne seront pas remises en cause, il sera impossible de changer. C’est donc sur elles que le coach va travailler avec son client. Ce travail montrera qu’à chaque fois que monsieur T. se met en colère, il a à l’esprit une image du type : " Ils se paient ma tête parce qu’ils me prennent pour un idiot. " Cette image n’a aucune réalité dans le présent, mais elle correspond à un vécu douloureux dans l’histoire de monsieur T. et provoque sa colère